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« ‘Por la quel chose je di’ : Jean d’Antioche et Evrart de Conty, deux autorités à traduire, deux approches différentes ?

Book Contribution - Chapter

Les traductions du moyen âge intéressent bon nombre de chercheurs : les historiens et les philosophes, qui s’intéressent à l’évolution de la société, de la pensée, du savoir ; les spécialistes en littérature, qui peuvent ainsi étudier les influences mutuelles entre communautes littéraires ; les linguistes enfin, qui y trouvent des ressources pour l’étude de l’histoire et de l’évolution de la langue. En effet, non seulement les traductions constituent un corpus langagier important du point de vue de leur volume, mais aussi l’histoire de la langue est-elle profondément marquée par ces types de textes, qui ont engendré un enrichissement lexical significatif en français. Cette contribution est consacrée à deux traducteurs d’époques différentes - le premier, Jean d’Antioche, ayant travaillé à la fin du XIIIe siècle, le second, Evrart de Conty, à la fin du XIVe , qui se distinguent en outre par une pratique de traduction différente face à l’autorité qu’ils traduisent. Nous nous intéressons plus en particulier à la question de savoir si cette attitude diverse engendre aussi des différences quant à l’affirmation, par les traducteurs, de leur statut auctorial, en d’autres mots, s’ils se profilent comme auteur, voire comme autorité, face à l’autorité qu’ils traduisent. La notion d’auteur, intimement liée à celle d’autorité au moyen âge, a en effet un statut particulier à cette époque, comme l’a bien montré Alastair Minnis, qui affirme que, dans un contexte littéraire, le terme d’auteur (sous sa forme auctor), désigne une personne qui compose un texte et qui en même temps constitue une autorité, un auteur qu’on peut lire mais qu’il faut aussi respecter . Qu’en est-il alors de traducteurs qui rendent le message d’auctores, d’autorités reconnues, comme le sont Cicéron et Aristote ? Dans ce qui suit, nous présentons d’abord brièvement les deux traducteurs à l’étude, ainsi que les principes de traductions qu’ils suivent. L’étude se concentre ensuite sur un aspect particulier de ces traductions, à savoir les déclarations à la première personne manifestées par Jean d’Antioche et Evrart de Conty, afin d’en vérifier la portée et l’incidence sur les techniques de traduction mises en oeuvre.
Book: Quand les auteurs étaient des nains. Stratégies auctoriales des traducteurs français de la fin du Moyen Âge.
Pages: 85 - 111
ISBN:978-2-503-58338-9
Publication year:2019